Quatrième dimanche de Carême A
1 Sm 16, 1… 13 :
Ce passage fort connu du Premier Livre de Samuel nous raconte l’onction du jeune David qui va lui permettre d’être investi de la sagesse et de la force de Dieu afin de devenir roi sur Israël. Ce geste de l’onction d’huile est un geste ancien que l’on retrouve dans d’autres cultures pour signifier comment la divinité donne pouvoir et autorité à celui qu’elle a choisi pour régner en son nom. Pareillement, en Israël, ce geste fut utilisé pour l’investiture des rois, plus tard de celle des prêtres et plus rarement des prophètes (cf. 1 R 19, 16).
Le geste qu’accomplit Samuel, l’homme de Dieu, est donc un geste prophétique qui annonce que le jeune David sera roi un jour, lui qui n’a encore aucune autonomie personnelle : il n’était même pas prévu qu’il soit présent pour ce repas de fête !
Le récit insiste principalement sur les critères qui commandent le choix de Dieu : le Seigneur ne regarde pas la force et la haute stature, mais selon le cœur… Or nul, sinon Dieu lui-même, ne connaît le cœur de l’homme. Pourtant, celui que Dieu a choisi est beau à regarder, même si cette beauté est également source de fragilité : être roux dans ces contrées n’est pas en général une situation facile !
Ps 22 :
Ce psaume, que l’on appelle souvent celui du berger, est proposé dans cette liturgie dominicale en raison de la profession initiale du jeune David : être berger. Une telle profession requiert des qualités qui conviennent bien à l’exercice de la fonction royale : attention aux plus fragiles, connaissance des terrains favorables, souci que tous aient de quoi se nourrir, et que tous rentrent le soir à la bergerie.
Ep 5, 8-14 :
Cet extrait de la Lettre aux Éphésiens, appartient à une catéchèse baptismale. Paul réfléchit particulièrement au geste par lequel la lumière est remise aux baptisés juste après l’immersion dans l’eau et l’onction d’huile. Par le baptême, c’est le Christ lui-même qui illumine chacun, comme l’affirme le dernier verset de notre texte qui provient vraisemblablement d’une hymne chantée dans la célébration baptismale.
Ainsi le baptisé devient lumière, source de lumière dans le monde (cf. Ph 2, 12). Cette nouvelle identité est certes une exigence : n’avoir aucune part aux activités des ténèbres. Elle est essentiellement une mission : par la justice, la bonté et la vérité rendre autour de soi la vie lumineuse. C’est-à-dire, permettre de la voir avec les yeux de Dieu : promise à la beauté de Christ ressuscité.
Jn 9, 1-41 :
Cet Évangile nous raconte le patient itinéraire par lequel un homme, aveugle de naissance, parvient à la pleine lumière, lorsque dans le temple il dit « Je crois » au Seigneur Jésus, lui qu’il voit physiquement pour la première fois. Pour apprécier l’ensemble du mouvement du texte, il faut se rappeler que les aveugles, comme les boiteux, n’avaient, sous peine de mort, absolument pas le droit d’entrer dans le temple, peu importe ici la raison. La capacité de Jésus à guérir cet homme est une chose, elle est surtout le signe d’une autre puissance : nous faire advenir à la lumière de la vie, telle que la Lettre aux Éphésiens le présente dans la deuxième lecture.
Le procès intenté à cet homme nouvellement guéri, ainsi qu’à ses parents, continue à faire obstacle à sa présence dans le temple : guéri par un pécheur, il ne peut être que pécheur lui-même. Ce procès de l’aveugle guéri est une démarche initiatique qui le conduit à confesser que Jésus est Seigneur. Ainsi, si Jésus intervient fort peu dans ce récit, il laisse à l’aveugle guéri la tâche de faire, par son témoignage, ce travail de véridiction qui conduit à la lumière. La mission confiée aide les disciples à mieux dire leur foi, à mieux croire ce qu’ils disent de Jésus.