FD 18 - Dimanche 13 mars 2022 - Deuxième dimanche de Carême C

Deuxième dimanche de Carême C

Gn 15, 5-12. 17-18 :

Pour sceller l’alliance avec Abraham son ami, Dieu recourt à un geste bien étrange : faire partager les animaux en deux, les faire disposer de telle sorte qu’un passage se dessine entre les différents quartiers pour que lui-même, sous la forme d’une torche enflammée passe entre les morceaux d’animaux. Un autre texte biblique (Jr 34) nous apprend qu’on employait cette pratique pour sceller une alliance entre deux partenaires lesquels s’engageaient ainsi à respecter les clauses du contrat précédemment signé, sous peine qu’il ne leur arrive ce que signifient ces animaux dépecés, exposés, au milieu desquels il faut déambuler : la mort.
Ici, c’est Dieu seul qui passe au milieu des quartiers d’animaux. C’est lui qui s'engage, à la vie à la mort dirions-nous. L’alliance que Dieu propose ne met pas les deux partenaires sur un pied d’égalité : c’est Dieu qui impose l’alliance à son peuple lequel n’existe que comme peuple de l’alliance. C’est Dieu qui dispose son peuple face à lui pour qu’il lui réponde en acceptant cette alliance.

Ps 26 : Dans son intégralité, ce psaume célèbre l’entrée dans le temple d’un chef militaire, après une victoire sur les ennemis du peuple de Dieu. Il se rappelle ce que fut sa force pour mener son combat : chercher la face du Seigneur, pouvoir vivre au jour le jour conscient du regard que Dieu porte toujours sur chacun. Il s’agit bien du face-à-face de l’alliance dans lequel chaque membre du peuple est impliqué. Cela requiert force et courage de la part de tous : Espère le Seigneur, sois fort et courageux ; espère le Seigneur. Cette parole qui provient du langage militaire est maintenant un appel pour tous les croyants à engager tout leur être dans l’alliance. La lecture de la Bible requiert force et courage pour qu’elle devienne l’occasion d’un face-à-face.

Ph 3, 17 – 4, 1 :

Dans ce deuxième dimanche de carême où nous proclamons l’Évangile de la transfiguration, la lettre de Paul nous rappelle la promesse selon laquelle le corps charnel de chacun est aussi appelé transfiguration. Ce que Pierre, Jacques et Jean ont contemplé sur la montagne, ce que tous les apôtres ont vu lors des apparitions du Seigneur Jésus ressuscité, ce corps glorieux, transfiguré, spirituel, c’est ce que nous serons plus tard en étant pleinement unis au corps du Christ, par la puissance de sa résurrection.
Puisque notre être charnel est voué à la gloire, il est donc infiniment respectable. De là découlent toutes les exigences morales, tous les arrachements nécessaires à l’égard des comportements de ce monde que l’apôtre Paul condense en une formule ramassée : leur dieu, c’est leur ventre.

Lc 9, 28b-36 :

En faisant l’expérience du corps transfiguré du Seigneur Jésus, Pierre, Jacques et Jean le contemplent en train de parler avec Moïse et Élie. Dans la piété juive du premier siècle, le prophète Élie était attendu pour, entre autres choses, venir oindre le messie. Moïse quant à lui, est considéré comme l’auteur de la Torah. Pris tous deux ensemble, Moïse et Élie symbolisent toute la Bible que Jésus lut et médita tout au long de sa vie ; toute son existence humaine fut une réponse à cette parole que son père lui déployait dans les Écritures.
Luc nous précise que la conversation entre Moïse et Élie d’une part et Jésus d’autre part concernait son départ, littéralement son exode, vers Jérusalem. Dans l’épisode précédant celui que nous proclamons ce dimanche, Jésus annonçait pour la première fois que le fils de l’homme devait être livré aux mains des hommes et relevé le troisième jour. C’est donc bien de sa mort et de sa résurrection dont il parle avec Élie et Moïse. S’il rend ainsi visible ce dialogue, c’est pour que Pierre, Jacques et Jean, et avec eux tous ses disciples, puissent trouver en lisant la loi et les prophètes les raisons pour lesquelles le Père demande au Fils de se livrer aux mains des hommes, avant d’être relevé d’entre les morts et qu’ils comprennent pourquoi le Fils accepta qu’il en fut ainsi.