Troisième dimanche de Carême A
Ex 17, 3-7 :
Lorsque le peuple des Hébreux traverse le désert pour rejoindre la terre promise, il est confronté à trois dangers : la faim, la soif et la guerre. Le Livre de l’Exode nous montre comment Dieu à chaque fois assiste son peuple dans chacune de ces difficultés.
Le récit que nous entendons ce dimanche critique le peuple pour son manque de foi : il a mis Dieu à l’épreuve, c’est-à-dire qu’il lui a lancé un défi pour qu’il intervienne en sa faveur, sans se souvenir qu’il avait déjà fait bien davantage : la sortie d’Egypte !
Le problème est qu’une fois que l’on a demandé à Dieu de donner de l’eau, voire exiger cela de lui, comment est-il possible de reconnaître la libre générosité avec laquelle Dieu veut prendre soin de son peuple ? Aussi l’ensemble des traditions qui concernent la traversée du désert nous apprennent qu’il est absolument impossible de mettre Dieu à l’épreuve : cela empêche le peuple d’éprouver la fidélité de Dieu.
Ps 94 :
Ce psaume est une invitation à la louange. Pour cela, il reprend les événements racontés dans la première lecture. Il appelle le peuple à ne pas reprendre la même attitude, et à chanter Dieu aujourd’hui pour les merveilles qu’il accomplira demain.
Rm 5, 1-2. 5-8 :
Cet extrait de la lettre de Saint Paul aux Romains, se lit très facilement : Paul essaye de formuler simplement pour son lecteur, au milieu de son long exposé de l’Évangile, ce que c’est que croire en la mort et en la résurrection de Jésus pour nous. Paul veut aider à recouvrer l’émerveillement de ce que nous allons célébrer durant la fête de Pâques à laquelle nous nous préparons.
Si Dieu a fait tout cela pour vous, ainsi nous pouvons mettre en lui notre fierté, c’est-à-dire nous pouvons retrouver en lui notre dignité à vivre sur cette terre et sous le regard du Père.
Jn 4, 5-42 :
La liturgie nous propose pour ce dimanche un texte d’évangile long, riche en symboles et références multiples. Peut-être que le lieu de la scène, le puits, permet d’unifier au mieux ce passage fort connu. En effet, dans la culture biblique, mais plus largement dans l’Orient ancien, le puits est essentiellement un lieu où il est nécessaire de faire alliance, sinon on se fait la guerre. Dans le Livre de la Genèse, Abraham est contraint de faire alliance avec Abimélek pour le partage du puits de la ville de Bershéba. Cette nécessité de l’alliance autour du puits permet à ce lieu de devenir le symbole de la rencontre et du mariage. Par exemple, dans le Livre de l’Exode, la rencontre de Moïse avec Cippora conduit à leur union nuptiale. Dernière chose au sujet du puits : il est aussi un lieu de rencontre ordinaire où les femmes viennent puiser l’eau, au matin, quand il fait encore frais.
Ainsi, dans ce texte une première question se pose : que fait cette femme pour aller puiser de l’eau à midi ? Sûrement est-elle rejetée par ses consœurs et Jésus le comprend tout de suite. Autre question : ce puits peut-il être un lieu de rencontre pour des Juifs et des Samaritains ; ces derniers se disputent l’héritage des patriarches par des interprétations différentes de la loi. L’histoire a fait qu’ils se méprisent réciproquement. Pour Jésus, rien de tout cela ne fait difficulté et il engage la conversation avec cette femme en lui promettant de pouvoir puiser à l’héritage de Jacob sans s’épuiser aucunement.
Puis, Jésus demande à cette femme d’aller chercher son mari, et celle-ci lui dit qu’elle ne vit pas avec son mari. Jésus lui répond alors qu’elle en a déjà eu cinq : il suffit de faire le compte. Jésus, dont Jean-Baptiste a dit justement, juste avant ce récit, qu’il est l’époux, se présente donc comme le septième, l’époux définitif. C’est lui qui permet de réaliser ce que Dieu a promis : offrir la possibilité d’adorer le Père en esprit et en vérité. Autour du puits, Jésus est venu chercher en cette femme l’épouse qu’elle a le droit d’être.
Cette histoire est présentée par l’évangéliste Jean comme le résumé de l’évangélisation de la Samarie : parce que Jésus y est déjà passé, sa présence devint la semence qui permet aujourd’hui au champ d’être prêt pour la moisson.