FD 17 : Dimanche 6 mars 2022 - Premier dimanche du Carême C

Premier dimanche du Carême C :

Dt 26, 4-10 :

Pour évoquer la figure d’Abraham, comme nous le faisons chaque premier dimanche du Carême, la liturgie nous propose de méditer la profession de foi d’un juif venant déposer son offrande au pied de l’autel. Il déclare devant Dieu, être le fils de ce nomade araméen, de ce vagabond du désert (selon l’expression du poète Jean DEBRUYNNE). La personne qui prononce cette profession de foi est bien fils Abraham puisque lui-même épouse cette condition de migrant. L’histoire d’Israël nous apprend en effet que les fils d’Abraham ont connu la migration de l'exode puis l’exil et le retour. Ainsi, l’histoire d’Israël peut-elle se résumer à une succession d’exils et d’exodes dont les récits respectifs se superposent les uns sur les autres.
Selon cette profession de foi, être fils d’Abraham revient à laisser la parole de Dieu donner du sens aux situations concrètes de l’existence pour qu’à travers celles-ci se réalise la bénédiction promise.

Ps 90 :
Exceptionnellement, le psaume de ce dimanche est choisi en fonction de l’Évangile, dans lequel il est cité, plutôt qu’en fonction de la première lecture qui le précède. C’est un psaume de confiance : le psalmiste éprouve dans sa vie la sollicitude de Dieu qui le protège et l’accompagne contre toute forme de danger ; il invite son lecteur à partager cette confiance. Le malheur et le danger, les ennemis, les vipères et les scorpions, les lions et même le dragon, ne sont pas absents de l’existence. Il revient à chacun d’identifier ceux qui rugissent, qui mordent et ravagent le goût de vivre. La providence divine consiste à pourvoir ce qui est nécessaire pour que nous soyons capables d’affronter ces dangers.

Rm 10, 8-13 :

Dans ce texte de la lettre aux Romains, Paul nous aide à comprendre l’importance de la profession de foi. À l'image du juif qui confesse être fils d’Abraham dans la première lecture, les disciples de Jésus doivent professer, confesser la parole qui affirme le salut gratuit que Dieu offre à tous. Il convient de recevoir cette parole avec foi, parce que seules la foi et la confiance peuvent accueillir la gratuité.
Pour Paul, cette profession de foi comporte deux dimensions qui se complètent l’une l’autre. La première est liturgique : fraternellement réunis nous disons ce Credo qui a traversé les siècles et qui concentre l’expression de ce que nous croyons. La deuxième est missionnaire : cette proclamation de foi ne peut pas être seulement centrée sur nous-mêmes mais elle doit s’ouvrir pour que tous puissent savoir que le Seigneur Jésus a donné sa vie pour chacun.

Mt 4, 1-13 :

Jésus vient d’entendre la parole prononcée par le Père lors de son baptême : celui-ci est mon Fils… Ce temps de solitude et de jeûne que prend Jésus après le baptême est un temps de retraite. Comment vivre cette filiation au milieu des fils d’homme ? Comment être fils de Dieu au milieu des êtres humains ? Alors, vient la tentation de vivre cette relation à son propre avantage ! C’est en citant les Écritures que Jésus affirme la primauté de la mission que son Père lui confie. En vue du Royaume ce n’est pas de pain dont les hommes ont besoin mais d’une parole qui les appelle, les console. S’engage alors entre le diable et Jésus un débat sur les Écritures : versets contre versets ! Finalement Jésus réussit à réduire au silence celui qui veut le séparer de son Père (le diable est celui qui divise, qui sépare). La parole de Dieu cherche d’abord et avant tout une disposition filiale à l’égard de Dieu. Celle-ci s’exprime par cet impératif : ne pas mettre Dieu à l’épreuve. C’est-à-dire ne pas contraindre l’intervention de Dieu dans nos existences. Mettre Dieu à l’épreuve reviendrait à s’empêcher soimême d’éprouver la fidélité que Dieu déploie dans l’histoire ; Dieu saura quand et comment pourvoir ce qui est nécessaire pour notre route vers le Royaume.
C’est par une telle disposition que l’on adopte réellement l’attitude filiale qui permet d’accueillir la parole de Dieu pour ce qu’elle est : une bénédiction et une mission. C’est comme cela que Jésus interpréta les Écritures tout au long de son existence terrestre.