1 Sm 28 :
Le roi Saül est un homme malade, malade de jalousie. Le jeune David a comme lui reçu l’onction du Seigneur ; aussi Saül sait-il que ce n’est pas son fils Jonathan qui sera roi à sa place et cela le ronge. Cette jalousie de Saül devient en lui une folie meurtrière : il ne cesse de poursuivre David afin de le mettre à mort.
Dans cette folle poursuite, lors de la halte qu’impose la nuit, David a l’occasion de mettre la main sur Saül. Il refuse cela et se contente de prendre la lance et la gourde du roi. Deux objets indispensables pour celui qui fait la guerre dans le désert.
Ces deux objets deviennent ainsi le signe de ce que David aurait pu faire et qu’il n’a pas fait : mettre la main sur le messie du Seigneur ! Alors que les deux hommes ont tous deux reçu l’onction, le bienaimé du Seigneur, est celui qui refuse de porter la main sur l’autre.
Ps 102 :
Ce psaume est une hymne à la miséricorde de Dieu : Dieu n’agit pas envers nous selon nos fautes et ne nous rend pas selon nos offenses. David, dans la première lecture a montré qu’il était capable de vivre lui aussi avec de telles dispositions en ne portant pas la main sur Saül. Le fils de David, Jésus, est celui qui aurait pu nous rejeter, réclamer vengeance mais qui demande pour nous la miséricorde du Père et réclame ainsi notre vie à la tombe.
1 Co 15, 45-49 :
Après avoir conforté les Corinthiens dans l'espérance de la résurrection des morts (cf. Les deuxièmes lectures des dimanches précédents) Paul répond à une autre question : comment les morts ressusciteront-ils ? Pour répondre à cela, un peu plus haut, Paul a rappelé que nous serons corps spirituel : expression étrange qui exprime une continuité : c’est de notre corps dont il s’agit et c’est donc lui qui ressuscitera ; il affirme également une transformation, une transfiguration de nos corps que nous ne pouvons concevoir.
Dans le paragraphe que nous proclamons ce dimanche, la réflexion de Paul pour répondre à ces questions s’appuie sur l’Écriture : le livre de la Genèse nous apprend que nous sommes faits à l’image d’Adam ; de la même façon le baptême et la connaissance de Jésus ressuscité nous apprennent que nous serons à l’image du ressuscité.
Lc 6, 22-38 :
Ce discours de Jésus qui suit immédiatement la proclamation des béatitudes est un appel à la miséricorde. Reprenant l’enseignement du Lévitique, lequel demande : soyez saints comme je suis Saint (Lv 19, 2), Jésus l’actualise pour ses disciples : devenez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Vu ce que Jésus nous demande, c’est impossible ! Effectivement, aimer les ennemis est impossible : le jour où on les aime, ils ne sont plus ennemis, par définition ! Pourtant Jésus insiste, il ne s’agit pas de faire comme d’habitude, il n’est pas question de se comporter comme les pêcheurs, il faut agir à la mesure de ce que le Père accomplit pour nous.
Avec la petite parabole de la mesure, Jésus nous révèle que nous ne sommes capables d’accueillir le pardon que dans la mesure où nous-mêmes sommes capables de pardonner. Ainsi, les gestes de miséricorde et le pardon que Jésus nous invite à poser élargissent notre coeur afin qu’il soit capable d’une pleine mesure, tassée, secouée, débordante, et reçoive ainsi aussi toute la miséricorde que le Père tient en réserve.
Le mot de miséricorde désigne en hébreu la tendresse d’une mère à l’égard de sa progéniture qui s’éloigne d’elle, sa tendresse, son inquiétude, sa joie aussi. En français, par son étymologie, ce mot nous invite à savoir poser le coeur sur la misère humaine : l’écouter, la comprendre et se mettre au service de tous, sans mesure précise Jésus.