Septième dimanche du temps ordinaire année A
Lv 19, 1-2 ; 17-18 :
Ces quelques versets appartiennent à un texte fameux que l’on appelle le code de Sainteté. Il met sur le même plan et la sainteté de Dieu et l’amour du prochain. Pour les rabbins des premiers siècles, il est situé juste au milieu de la Torah ; il en est le centre.
L’amour du prochain est explicité comme le renoncement à cultiver la haine, au courage d’une parole, d’une correction fraternelle, au renoncement à la vengeance sous quelque forme que ce soit. Il n’y a rien de sentimental, d’affectif ; il y a la simple décision de considérer que le prochain bénéficie comme moi-même de l’élection divine et que je dois le traiter avec la même fidélité que celle déployée par le Seigneur qui fait alliance avec son peuple.
C’est un contresens de faire du syntagme comme soi-même l’invitation à s’aimer soi-même pour pouvoir aimer l’autre. Pour preuve, il suffit de constater que les commentateurs juifs soulignent l’étymologie hébraïque du mot prochain qui dérive du verbe paître ; le prochain est celui qui comme moi appartient au même troupeau, sous la houlette du même berger.
L’amour du prochain est la disposition intime par laquelle il est possible pour chaque membre du peuple de l’alliance d’épouser l’attitude divine. Pour le code de Sainteté, la sainteté consiste, par nos humbles amours humaines, à s’agenouiller devant la fragilité.
Ps 102 :
Ce psaume est une invitation à bénir Dieu : le bénir, dire du bien de lui parce qu’il est saint et que sa sainteté se révèle dans l’attention qu’il porte envers le pécheur, le malade. La sainteté de Dieu rend son attitude inhabituelle à notre égard. Les péchés sont loin de lui comme l’orient de l’occident. Qui aurait pu concevoir que la sainteté de Dieu consiste à traiter ainsi le pécheur ?
1 Co 3, 16-23 :
Dans ce paragraphe, Paul compare la communauté chrétienne à un temple. Comment cela est-ce possible ? Pour un juif pieux, le temple de Jérusalem est le signe visible de la présence du Dieu invisible et trois fois saint. Déjà dans le judaïsme, il n’était pas rare de dire que le vrai signe de cette présence n’était pas le bâtiment de pierres, aussi beau fût-il, mais le peuple rassemblé pour chanter la louange. Ainsi, dire de la communauté qu’elle est un temple, revient à dire que là où elle est, elle a pour mission de rendre le signe visible de la présence et de l’œuvre de Dieu. Dans nos villages et dans nos quartiers, nos assemblées dominicales, nos réunions paroissiales pour partager la parole de Dieu, pour prier, pour servir nos frères, toutes ces rencontres sont le signe visible de l’œuvre invisible de l’Esprit Saint qui nous libère et rend capable de prier et de servir.
Mt 5, 38-48 :
Dans l’Évangile de ce dimanche, nous poursuivons le texte proclamé la semaine dernière avec les deux dernières antithèses du Sermon sur la montagne. Celles-ci se caractérisent par une plus grande radicalité de l’enseignement de Jésus, jusqu’à l’impossible même : il n’est pas possible d’aimer un ennemi car, à ce moment, ce n’est plus un ennemi. Ce dont il s’agit ici, ce n’est pas d’une personne antipathique, mais bien d’une personne qui a fait du mal. Dans le contexte de la rédaction de l’Évangile selon Matthieu, il s’agit de quelqu’un qui a persécuté les disciples de Jésus, d’une manière ou d’une autre. Tendre la joue prend alors une dimension symbolique : proposer un geste de paix.
Jésus propose des gestes concrets et simples à l’égard de celui qui a fait du mal : le saluer, c’est-à-dire ne pas l’effacer de notre histoire ; prier pour lui, c’est-à-dire demander au Père de le bénir alors que nous-mêmes n’en sommes plus capables.