Sixième dimanche du temps ordinaire année A
Si 15, 15-20 :
En reprenant l’enseignement du livre du Deutéronome (Dt 30) Jésus, le fils de Sirah, au IIIe siècle avant Jésus-Christ, invite à pratiquer les commandements que Dieu a donnés à son peuple. Pour lui, c’est un choix que chacun peut faire et qui conduit à la vie.
Ce choix est un choix de sagesse, de raison dirions-nous aujourd’hui, parce que vivre selon les commandements, c’est vivre selon la sagesse de Dieu ; la pratique des commandements permet à chacun de se couler dans le dessein divin qu’il mène à son terme avec compétence et sagesse, justement.
L’auteur de ce livre est convaincu que la sagesse divine repose sur la Torah (Si 24, 23) ; ainsi la pratique de commandement devient la libre réponse de l’homme à la création et à l’Alliance que Dieu conduit ainsi à son terme.
Ps 118 :
Ce psaume 118 est le plus long de tout le psautier. L’auteur y exprime son enthousiasme pour la Torah que Dieu a donnée à son peuple. S’il est parfois redondant, voire fastidieux, il n’en demeure pas moins communicatif et transmet à son lecteur la conviction selon laquelle les commandements ne sont pas une contrainte que Dieu donne arbitrairement, mais une parole qui fait vivre et permet de trouver joie et délices. Pour lui, la loi est une merveille !
1 Co 2, 6-10 :
Ce paragraphe de la première Lettre aux Corinthiens continue de nous parler de la sagesse de Dieu. Elle est en elle-même un mystère : nul ne peut savoir quel est le projet divin si Dieu lui-même ne l’a pas révélé. Cette révélation est transmise par l’Évangile qui annonce le Messie crucifié (cf. deuxième lecture de dimanche dernier). Mais sans le don de l’Esprit Saint, il n’est pas possible d’accueillir le paradoxe de cette sagesse de Dieu qui livre son Fils aux mains des hommes. L’Écriture elle-même atteste que cela était absolument imprévisible ; sur ce point, Paul diverge d’autres auteurs du Nouveau Testament, de Luc notamment.
Dans ce passage, Paul réfléchit à ce qui est nécessaire pour accueillir l’Évangile et le reconnaître comme venant de Dieu lui-même. Pour cela, il convient que l’apôtre reste discret, qu’il n’utilise pas le prestige du langage (cf. deuxième lecture de dimanche dernier) mais il faut surtout que l’Esprit permette à qui entend ce message d’en trouver en lui-même la vérité d’en éprouver la liberté.
Mt 5, 17-37 :
En poursuivant notre lecture du Sermon sur la montagne, nous entendons Jésus interpréter le décalogue ; nous continuerons dimanche prochain. Dans ce passage que l’on appelle les antithèses, Jésus montre ce que veut dire accomplir les commandements : il invite ses auditeurs à débusquer ce qui, dans le cœur, empêche de répondre librement à ces dix paroles (le décalogue) de vie que Dieu donne. Ce qui frappe surtout, c’est la liberté de Jésus, qui se présente comme un maître sans avoir lui-même de maître : moi je vous dis ! Expérience étonnante de la libre parole de Jésus qui ne se nourrit que de la relation filiale avec le Père. Ici réside le ressort de l’enseignement de Jésus.
Ainsi, insulter un frère, c’est déjà le tuer parce que c’est lui dénier ce titre de frère et donc lui interdire la possibilité d’une relation filiale. Pareillement, convoiter est une maladie du regard qui empêche de voir l’autre pour ce qu’il est réellement, dans son histoire passée et à venir.
Ainsi la parole de Jésus est bien un accomplissement de la loi puisqu’elle nous offre la possibilité de vivre la loi avant que le juge ne fasse tomber la sentence et ne prononce notre culpabilité. Jésus dans cet enseignement marche avec nous avant le jugement, pour que nous puissions satisfaire les exigences de la loi, c’est-à-dire les mettre en pratique et les accomplir. Ainsi notre vie tout entière est un oui à la parole divine