Jr 1, 4-5. 17-19 :
Toute la vie et le ministère du prophète Jérémie sont marqués par la catastrophe, le bouleversement, que fut la chute de Jérusalem en -587 lorsqu’elle fut détruite par le roi Nabuchodonosor. Aussi, en racontant sa vocation, ce qui revient toujours à réfléchir sur sa mission, Jérémie entend la parole de Dieu l’appeler à être une colonne de fer, un rempart de bronze.
Cette double métaphore étonnante décrit les armes offensives d’une armée faisant le siège d’une ville (colonne de fer) et les armes défensives de la ville se protégeant des assaillants (rempart de bronze). Alors que la ville va être détruite. Jérémie et son message pris ensemble, constituent le véritable abri dans lequel le peuple de Dieu va pouvoir trouver refuge.
Ps 70 :
Ce psaume est celui d’un juif pieux, avancé en âge, qui adresse au Seigneur sa prière maintenant que ses forces diminuent. Aussi, se souvient-il avoir été instruit dès sa jeunesse par le Seigneur luimême ; de cette expérience naissent la confiance et l’espérance qui lui permettent de dire que Dieu est son rocher.
Le prophète Jérémie qui lui aussi fut appelé dès sa jeunesse, voire dès le sein maternel, put faire lui aussi cette prière qu’il adresse à son Dieu dont il proclame les merveilles, même quand il annonce la chute prochaine de la Ville.
1 Co 13 :
Ce texte fort connu et utilisé dans bien des liturgies de mariage est justement appelé l’hymne à l’amour. Il s’agit au sens technique du terme de l’éloge de cette vertu que l’on appelle l’amour. En rédigeant ce texte, Paul répond à toutes les exigences littéraires que requiert un tel éloge. Il prend soin dans un premier temps de montrer la nécessité de cette vertu : sans l’amour je ne suis rien ; ensuite il tente, par quinze verbes, de décrire ce que produit cette vertu : l’amour prend patience etc. ; enfin, il montre la pérennité de cette vertu et sa supériorité sur les autres, ici par exemple la connaissance.
Il est fort possible de lire ce texte comme la description de l’amour de Dieu pour nous ; les quinze verbes synonymes du verbe « aimer » proposés dans ce texte peuvent servir à une longue méditation permettant d’y voir un portrait de Jesus. Il est facile et réconfortant d’imaginer les situations dans lesquelles Jesus nous est présenté comme celui qui sert, celui qui ne cherche pas son intérêt, celui qui espère tout…
Avant de nous dire que nous n’aimons pas assez, ce texte nous dit de quel amour nous sommes aimés et comment l’éternel amour de Dieu aime se réfugier dans nos fragiles amours humaines.
Lc 4, 21-30 :
Cet épisode est la suite directe de celui que nous avons proclamé dimanche dernier. L’émerveillement des habitants de Nazareth devant la force de la parole de Jésus est bien compréhensible. La réaction de Jésus est, quant à elle, plus difficile à accueillir !
Jésus reproche à ces personnes qu’il connaît depuis l’enfance ce qu’ils n’ont pas encore fait : sûrement vous allez me dire…
Luc n’explique pas cette attitude. Par ce récit, le premier acte du ministère de Jésus qui nous soit racontée par le détail dans l’Évangile selon saint Luc, l’auteur propose à son lecteur de percevoir dès maintenant ce que sera la tension de tout le récit qui va suivre. En Galilée, Jésus se manifeste comme un prophète puissant par la parole et par les actes ; et tout d’un coup (Lc 9, 51) il va durcir son visage comme la pierre, et prendre la route de Jérusalem en annonçant qu’il sera livré aux mains des hommes et que le troisième jour le Père le relèvera.
Luc veut que son lecteur soit mis en face de l’absurde de la croix de Jésus. Toute la lecture de l’Évangile va permettre de progresser dans l’accueil de cette nécessité : il faut que le fils de l’homme soit livré aux mains des hommes pour qu’avec lui nous soyons relevés d’entre les morts. Pourquoi le faut-il ? La seule réponse possible se révèle en se mettant à la suite de Jésus, en lisant la suite du récit.