Quatrième dimanche du temps ordinaire année A
So 3, 3 – 3, 12-13 :
Sophonie, comme les autres prophètes, est convaincu qu’à travers les vicissitudes de l’histoire du peuple d’Israël, Dieu maintiendra un reste : un groupe d’hommes et de femmes, fidèles au Seigneur, signe de la fidélité de Dieu à son Alliance. Si le mot de reste laisse entendre un petit nombre, la question n’est pas de savoir combien de personnes constituent ce groupe de fidèles. La recherche des prophètes se penche sur qui le constitue. Pour certains, ce sont ceux qui écoutent la parole, pour d’autres, ceux qui prennent enfin l’Alliance au sérieux et se détournent des idoles, pour d’autres encore ceux qui effectuent le retour physique à Jérusalem.
Pour Sophonie, le reste est constitué par les petites gens, les humbles, ceux qui cherchent la justice par le biais de la vérité. Si ces expressions renvoient à une condition sociale modeste, les dispositions intérieures sont bien mises en avant.
Ps 145 :
Ce psaume est un chant à la providence divine, elle qui commence toujours par prendre soin de ceux qui sont mis à l’écart du peuple. Abandonnés de tous, ils n’ont plus que le Seigneur comme recours et ils savent, par nécessité, remettre leur vie entre ses mains.
1 Co 1, 26-31 :
Dans ce texte, Paul affirme avec force que le Christ est la sagesse de Dieu. Dans la vie, l’enseignement, la mort et la résurrection de Jésus, le Père donne à voir son savoir-faire à l’égard de sa création pour l’établir éternellement dans son alliance. Cette sagesse permet à Dieu de faire justice, c’est-à-dire de nous rendre juste, de nous ajuster à notre place filiale à son égard et fraternelle envers tous. Elle conduit également à devenir saints comme Dieu seul est saint. Tout cela est une expérience de libération : la sagesse de Dieu offre en retour le savoir-faire pour décider de ce que nous sommes en toutes circonstances qui deviennent alors chacune une occasion pour servir et prier.
Mt 5, 1-12a :
L’évangéliste Matthieu fait de cette proclamation des Béatitudes l’ouverture de tout l’enseignement de Jésus. Ainsi, l’appel à vivre le royaume est un appel au bonheur, ce que nous oublions trop facilement. La foi sert à vivre heureux et à servir le bonheur.
Comme l’enseignaient les prophètes, les pauvres de cœur peuvent le plus simplement être disposés à recevoir un tel bonheur.
Par des jeux de traduction, les pauvres de cœur sont les mêmes personnes que le prophète désigne dans la première lecture par l’expression « les hommes du pays ». Et comme le prophète, Jésus dépasse la simple description sociale.
Cette première béatitude, la plus paradoxale, est en fait reprise, déclinée, dans toutes celles qui suivent. Être pauvre de cœur, c’est attendre la consolation lorsque l’on est dans le deuil, c’est avoir besoin de justice, de miséricorde ; être pauvre de cœur, c’est également être prêt à retrousser ses manches pour servir la justice et la paix…
Aucune de ces situations n’est en elle-même source de bonheur. Le bonheur dont il s’agit ici prend sa source dans le soin que Dieu va prendre de chacune de ces personnes. Et pour faire cela, pour réaliser l’œuvre de son Père, Jésus va pleurer, faire miséricorde, conserver un cœur pur au milieu de la violence de ce monde. Il va agir ainsi pour donner consolation justice et paix.