Troisième dimanche du temps ordinaire année A
Is 8, 23b – 9, 3 :
Ce poème du prophète Isaïe recoupe partiellement celui que nous proclamons chaque année durant la nuit de Noël. Ce dimanche, il nous manque la partie finale qui en donne le contexte : l’avènement royal, d’Ézéchias ou possiblement de Josias.
Par contre, nous avons le verset qui précède et qui nous aide à mieux comprendre la situation historique dans laquelle Isaïe intervient. Le regard du prophète se penche sur les régions du nord de la Terre sainte, autour du lac de Tibériade, comme nous le nommons aujourd’hui. À cette époque, ces territoires sont perdus pour le royaume d’Israël, ayant été progressivement grignotés par le royaume de Damas d’abord puis par les Assyriens.
Il n’y a presque plus de fils d’Israël qui résident sur ses territoires ; les politiques de déportation ont conduit cette région à n’être peuplée que par des personnes venues d’autres nations.
C’est pourquoi Isaïe fait œuvre de géographe, et décide de nommer ce pays le carrefour des nations. Carrefour, en hébreu « Galilée », c’est le nom que la région porte encore aujourd’hui. Cette dénomination, guère élogieuse dans la bouche du prophète, n’empêche pas l’espérance : Dieu interviendra pour que ce pays obscur - mais en quoi l’est-il vraiment sinon parce que le Messie ne peut lui accorder sa protection ? - puisse voir la lumière.
Pour le prophète, c’est le roi dont il est en train de célébrer l’avènement qui apportera la solution. L’Évangile de ce dimanche réinterprète les choses autrement.
Ps 26 :
Ce psaume est la prière confiante de celui qui demande à Dieu une protection. Autour du psalmiste, les personnes sont hostiles, mais il n’a pour autant aucune raison de craindre ou de trembler. Dieu est sa lumière.
La lumière apporte beaucoup de choses : elle éclaire bien sûr, mais aussi elle rassure, car elle permet au psalmiste de se repérer dans l’espace dans lequel il vit.
La présence de Dieu auprès de son peuple est toujours une présence lumineuse, car elle permet d’appréhender le sens de l’histoire et fait ainsi que la terre ne soit plus étrangère mais bien celle que Dieu nous donne.
1 Co 1, 10-13. 17 :
Ce paragraphe situé au début de la Première lettre aux Corinthiens décrit la situation qui motive les quatre premiers chapitres de cette lettre, ceux que nous entendrons jusqu’à l’entrée en carême.
La communauté est divisée parce qu’au lieu de se référer et de se comprendre par rapport au Seigneur Jésus-Christ, chacun se détermine par rapport à l’apôtre qu’il préfère. Il y en a bien un qui dit appartenir au Christ. Il a raison. Mais son attachement au Christ ne produit pas l’unité, c’est juste son choix, un choix parmi d’autres possibles.
Paul commence par faire réfléchir sur le baptême : quand on était baptisé par Jean le Baptiste, effectivement on devenait disciple de Jean-Baptiste. Mais on ne peut plus raisonner ainsi : quand on est baptisé par Paul, Apollos, Pierre ou quiconque, on devient disciple de Jésus-Christ. Ainsi, c’est le baptême qui fait l’unité de la communauté. La suite du texte va être une réflexion sur le rôle d’un apôtre dont la mission est de faire entendre l’Évangile qui annonce Jésus, Messie crucifié.
Mt 4, 12-23 :
Comme le prophète Isaïe, Mathieu fait œuvre de géographe : il prend soin de nommer les lieux que Jésus parcourt. Le carrefour des nations, la Galilée, que désignait Isaïe et qui était promis à une grande lumière, voit se réaliser l’ancien oracle (cf. Première lecture). Jésus est là, il annonce le royaume des cieux tout proche et cette proclamation est lumineuse.
Cette lumière que représente le Christ change le sens de l’existence : Simon, André, Jacques et Jean font l’expérience d’être saisi par le passage de Jésus dans leur vie et acceptent de le suivre. Au début de l’Évangile, Mathieu met ainsi en garde son lecteur : en lisant l’histoire qui va suivre, il entendra le même appel, éprouvera la même lumière et devra à son tour librement répondre.