C'est peu à peu que Samuel va disparaître de la scène...
Samuel s'étant retiré du gouvernement d'Israël, il est logique qu'il n'occupe plus le premier plan après l'avènement de Saül . Ce n'est que peu à peu pourtant qu'il va disparaître de la scène.
Le récit du règne du premier roi se déroule en quatre phases.
La première raconte comment Samuel rejette Saül à deux reprises au nom du Seigneur pour des désobéissances apparemment anodines. En revanche, par un coup d'éclat contre les Philistins, Jonathan, le fils du roi, gagne les faveurs du peuple (ch. 13 -15).
Saül une fois réprouvé, la succession est ouverte. C'est l'objet de la deuxième phase. D'emblée, l'onction secrète de David désigne clairement le candidat du Seigneur. Le récit nous donne alors d'assister à la montée du futur roi. Engagé au service de Saül, il en devient le gendre suite à sa victoire sur Goliath et après d'autres exploits contre l'ennemi philistin. Il trouve aussi l'amitié du dauphin de Saül , Jonathan, qui renonce à ses droits en sa faveur et le protège contre les ardeurs meurtrières de son père (ch. 16 - 21).
La troisième phase voit David se transformer en un chef de bande, poursuivi vainement par Saül qui en veut à sa vie. Par deux fois même, David épargne le roi qu'il tenait à sa merci (ch. 22 - 26).
Enfin, David se met à l'abri chez les ennemis jurés de Saül, les Philistins, qui entrent en campagne pour tirer vengeance d'Israël. Écarté de la guerre par ses nouveaux alliés, David gagne Juda à sa cause par sa victoire sur Amaleq. Quant à Saül, son affrontement avec les Philistins lui est fatal, comme le lui avait prédit Samuel rappelé du séjour des morts par une nécromancienne (ch. 27 - 31).
C'est surtout au début de cette longue histoire que Samuel intervient. Il y est toujours lié d'une manière ou l'autre à l'échec de la royauté de Saül. Sa première apparition était attendue puisque le prophète l'avait annoncée au roi immédiatement après son sacre (10 8). Elle est déjà fatale à Saül qui, pris en défaut, entend Samuel déclarer que sa royauté ne tiendra pas (13,7b-15a). Celui-ci lui rend-il une chance en l'envoyant combattre Amaleq pour le vouer à l'anathème ? De toute manière, Saül se montre incapable d'exécuter fidèlement l'ordre reçu. Aussi averti par le Seigneur, Samuel revient pour signifier au roi son rejet définitif (ch. 15). C'est alors que le Seigneur envoie le prophète à Bethléem pour oindre un nouveau roi en cachette de Saül : c est David, le fils cadet de Jessé (16,1-13).
Ensuite, retiré dans sa ville de Rama, Samuel disparaît de l'histoire presque complètement. On l'y retrouve une fois lorsque pour échapper à Saül David se rend chez lui et bénéficie de son aide efficace (19,18-24). Quand on le mentionne encore c'est pour annoncer sa mort et le deuil d'Israël (25,1a). Mais curieusement, ce n'est pas sa dernière "apparition" dans le récit, puisque le médium d'Ein-Dor le rend présent à Saül comme un revenant. Au roi, Samuel rappelle sa condamnation avant de lui annoncer l'imminence de sa fin tragique et de la défaite de ses armées dans la guerre contre les Philistins, cette guerre de sa vie, qu'il aurait tant voulu remporter (28,3-25).
© André Wénin, SBEV / Éd du Cerf, Cahier Évangile n° 89 (Septembre 1994), « Samuel, juge et prophète. Lecture narrative », p. 10-11.