De manière très classique, la catéchèse est rythmée par le modèle : traditio/redditio.

Le Synode de 2008 et l’Exhortation Verbum Domini n’ont pas eu le projet de présenter une étude complète de la catéchèse avec tous ses tenants et aboutissants. Un Synode précédent a été consacré à cette question et la conclusion en a été l’Exhortation Catechesi tradendae parue en 1979.

La perspective était beaucoup plus limitée, puisqu’elle concernait les relations entre Bible et catéchèse. Mais il serait regrettable de ne se référer qu’au n° 74 de Verbum Domini (« Dimension biblique de la catéchèse »). Il est nécessaire de reprendre de manière plus approfondie les diverses questions qui se posent.

Transmettre la foi

La rencontre de Dieu. La Parole de Dieu, nous le savons,est le Christ lui-même. Cette parole est reçue dans la foi et elle est capable de susciter la foi. Cela est vrai depuis les origines : les textes bibliques ont été reçus dans l’Église parce qu’ils étaient la matrice de sa foi et l’expression privilégiée de sa relation à Dieu. Ils gardent la fonction de nourrir la foi de la communauté croyante.

Ainsi, la réception croyante des livres bibliques s’appuie sur la conviction qu’un événement de grâce se produit lorsque quelqu’un lit la Parole de Dieu : la rencontre du Dieu vivant ! On peut citer la magnifique expression de Dei Verbum n° 2 : « Dieu invisible, dans l’immensité de sa charité, s’adresse aux hommes comme à des amis et converse avec eux pour les inviter à entrer en communion avec lui et les recevoir en cette communion. »

La traditio de l'Église. De manière très classique, la catéchèse est rythmée par le modèle : traditio/redditio.

Les catéchistes (et au sens large, c’est toute l’Église qui est chargée de l’annonce structurée de la foi qui est la catéchèse visant tous les âges), réalisent la transmission de la foi, la traditio, à travers les grands « symboles » que sont la Sainte Écriture – en premier lieu les Évangiles –, les sacrements et la liturgie, le Notre Père et la prière, les commandements et la suite de Jésus, la vie en Église et les formulations de la foi à partir du Credo. Une telle remise n’a pas seulement une portée intellectuelle de connaissance. Elle exprime le chemin de foi vécu dans l’Église.

Il en est de même pour la redditio par laquelle celui qui est catéchisé manifeste la manière dont il accueille et synthétise dans sa foi personnelle ce qui lui a été apporté.

Dans la pratique, les manières de faire sont multiples et ce n’est pas le lieu de les développer. Certaines mettent la priorité sur le contenu et d’autres sur le destinataire de la catéchèse. Sans doute n’est-on jamais totalement parvenu à intégrer les dimensions de la catéchèse et à donner à la Parole de Dieu la place qui lui revient.

En effet, la catéchèse est une action pastorale, elle est au service de la transmission du message chrétien qu’il faut présenter de manière juste, en sachant qu’au centre du message se trouve la rencontre du Dieu Vivant ; elle vise la maturation de la foi des individus et des communautés et s’inscrit au cœur du développement personnel. Elle est un processus éducatif, ce qui implique un travail d’apprentissage et des moyens de communication adaptés.

Perspectives actuelles

Nouveau contexte culturel.
L’action de Dieu se poursuit aujourd’hui dans uncontexte nouveau. On pourrait tout particulièrement souligner que les mutations culturelles que nous vivons transforment profondément notre réception de la Parole de Dieu. On pourrait parler d’une approche critique des textes qui peut rendre plus difficile de les recevoir comme une Parole de Dieu dans la mesure où l’on a mis en évidence l’aspect très humain de leur rédaction. Aujourd’hui, à l’époque d’internet et du monde virtuel, il existe une tendance forte qui pousse à privilégier une approche immédiate des textes, comme si nous pouvions saisir l’information et la vérité à l’état brut, sans médiation. Ceci pousse certains à une lecture fondamentaliste et d’autres, à une lecture subjective qui relativise largement les textes sacrés en leur donnant une interprétation très personnelle.

C’est dans un tel contexte, auquel onpeut ajouter un grand manque de culture générale et de culture religieuse, que la catéchèse trouve sa place.

Celle-ci ne peut pas se contenter d’être un résumé de la Révélation comprise comme un ensemble de vérités abstraites. Elle invite à apprendre à écouter Jésus-Christ, Parole de Dieu, et à lire fréquemment l’Écriture comme une nourriture pour la foi. Tout l’art consiste à bien établir le rapport entre ces deux expressions !

- Certaines formes de catéchèse ont pu avoir une présentation de la Bible de type purement documentaire : « Voilà ce que dit la Bible » ! Ou même idéologique, avec des options particulières.

- Beaucoup s’efforcent de combler l’écart existant entre la foi et la vie. Des textes bibliques viennent illustrer un thème mis en relation avec des expériences de vie. Mais la Bible reste essentiellement un texte du passé et les perspectives sont surtout celles des valeurs morales admises : amitié, partage, respect de l’autre… Jésus devient essentiellement un modèle de charité.



© Pierre-Marie Carré, Cahier Évangile n° 163, La Parole du Seigneur. Sur l'Exhortation "Verbum Domini", p. 45-47.