Lorsque la rupture est sans appel, le prophète ne peut plus rien pour le peuple. Le tout premier rîb du corpus des Prophètes seconds se termine par une nouvelle proposition d’alliance, faite dans l’urgence puisque Jérusalem se trouve dans une situation dramatique, proche de la destruction.
Malgré tout, un « reste » subsiste et peut se maintenir mais il tient son avenir entre ses mains. Pour vivre, il doit nécessairement assumer les exigences éthiques que l’alliance implique. Sans cela, tout rapport à l’autre – Yhwh ou l’autre humain – est faussé. Si, sur ce point, Yhwh se montre intransigeant – signe que ce dont il s’agit là est essentiel à ses yeux –, le peuple se montrera, quant à lui, un peu plus laxiste. En effet, le rîb qui dénonce la rupture en Es 1,2-10 n’est que le premier d’une longue série par laquelle les prophètes dénoncent l’attitude du peuple (par ex. Jr 2,4-29 ; Éz 16 ; Os 2,4-25 ; Am 3,9 – 4,3 ; Mi 6,1-8 ; Ml 1,6 – 2,9). À tel point qu’à un moment donné, plus aucune conversion ne semble possible et l’exil inévitable.
Les livres de Jérémie et d’Ézéchiel montrent bien cette escalade. Le premier met tout d’abord en avant l’interdiction reçue par le prophète d’intercéder pour le peuple (Jr 7,16 ; 11,14 ; 14,11), puis montre comment les habitants de Jérusalem, qui ont pourtant constaté par eux-mêmes la réalisation des paroles du prophète (cf. Jr 39,1-14), continuent de refuser sa parole, allant jusqu’à détricoter l’ensemble de l’histoire du salut pour se réfugier en Égypte (Jr 42–44). Ézéchiel, pour sa part, assiste à l’abandon du Temple et de la ville par la gloire de Yhwh (Éz 10,18-22 ; 11,22-25) qui ne peut continuer à y demeurer à cause des péchés des habitants de Jérusalem.