On trouve sept mentions de l’Esprit dans la lettre aux Hébreux...

On trouve sept mentions de l’Esprit dans la lettre aux Hébreux, cinq fois comme Esprit Saint (2,4 ; 3,7 ; 6,4 ; 9,8 ; 10,15), une fois comme Esprit éternel (9,14) et enfin une fois comme Esprit de la grâce (10,29).

Fondamentalement, l’Esprit-Saint a une fonction de témoin et d’attestation : tout d’abord du salut qui constitue le dessein de Dieu depuis le commencement (2,4) ; mais aussi et surtout, c’est lui qui porte témoignage dans les Écritures (3,7 et 10,15). Entendre dans les Écritures l’Esprit-Saint qui parle, c’est les entendre selon leur accomplissement et leur vérité, c’est éprouver comme vivante la parole de Dieu, énergique, tranchante…

Comme témoin et celui qui atteste, l’Esprit-Saint, ici, opère l’articulation entre le commencement et la fin, entre l’archè et le telos. Il témoigne du salut dès le commencement (2,4) et fait entendre la promesse du repos définitif et final (3,7) ; il montre la caducité du système cultuel actuel (la première alliance) tant que n’est pas venu le temps du relèvement, l’alliance nouvelle en Christ (9,8) ; il inspire l’offrande du Christ et la rend efficace, achevée, accomplie (9,15). On pourrait dire que l’Esprit accompagne le geste et le mouvement du Fils, Parole de Dieu, depuis son commencement jusqu’à son achèvement, en en portant témoignage.

Enfin, l’Esprit-Saint atteste du caractère définitif et achevé du salut opéré par le Christ, du « régime » définitivement établi par lui. Les v. 6,4 et 10,29 peuvent apparaître sévères et faire peur, ils sont en fait profondément logiques. Ce qui caractérise, maintenant, la vie chrétienne, c’est une marche patiente et endurante vers l’achèvement du salut dans notre histoire : l’événement du Christ nous a introduit dans la patience de l’histoire, qui est le lieu même de la sainteté que Dieu nous a offerte en Jésus-Christ. Voilà ce dont atteste l’Esprit de la grâce.

Curieusement, la lettre ne fait pas mention de l’Esprit-Saint dans sa dernière partie, à partir de 11 où elle parle davantage de la vie chrétienne…


© Jean-Marie Carrière, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 151 (mars 2010), "Tenez bon ! Relire la Lettre aux Hébreux", page 38.