La leçon du livre de Tobit : célébrer les œuvres de Dieu, c'est reconnaître sa bonté et croire qu'il veut le bonheur de l'homme...

« Il est bon de tenir caché le secret du roi,
mais les œuvres de Dieu,
il faut les célébrer et les révéler » (Tb 12,7)

Au terme de notre lecture cursive du livre de Tobit, il nous convient, à nous aussi, de mettre en œuvre cette invitation de Raphaël. Célébrer les œuvres de Dieu, c'est reconnaître sa bonté et croire qu'il veut le bonheur de l'homme. Or, célébrer la bonté de Dieu, c'est du même mouvement rechercher le bonheur de l'homme dans les diverses situations de sa vie. Et l'expression de cette foi dans le lien inattaquable entre la bonté de Dieu et le bonheur de l'homme se donne à travers les multiples facettes du langage de la bénédiction.

Comment célébrer Dieu, le bénir, lorsque les promesses de bonheur (ex. Dt 28 1-14) semblent cruellement démenties par l'expérience ? Ce ne sont pas les déportations, les aléas de l'histoire internationale qui importent ici. Notre livre de Tobit est apparemment moins tragique que bien d'autres. Il n'y a point d'armée rangée en bataille. Un demi-verset (1,21) suffit à mentionner un assassinat politique ! Ce livre est un récit domestique, douloureux mais simple, à la mesure d'une famille... N'empêche que les détresses humaines n'en sont pas absentes. Elles sont, d'ailleurs, de toutes sortes. Et l'on dirait qu'à certains moments tout se ligue contre les malheureux : à peine délivrés d'une épreuve, les voici retombés dans une autre ! Célébrer la bonté de Dieu lorsque l'épreuve et la persécution risquent d'aveugler le croyant...

Nous n'avons pas ici un discours théologique comme dans les dialogues du livre de Job, mais un roman populaire. Ben Sira voyait la plus haute expression de la sagesse des nations dans « le Livre de l'alliance du Dieu Très-Haut, la Loi que Moïse nous a prescrite » (Si 24,23). Le livre de Tobit aussi accueille des apports étrangers, qu'ils viennent d'Égypte, de Mésopotamie ou d'Iran…

Le livre de Tobit est un roman de sagesse pour célébrer la bonté de Dieu. Le secret du roi tenu caché ne serait-il pas cette présence de Dieu, là où on ne l'attendait pas, sur les chemins d'exil ou d'éloignement, quand « leurs yeux étaient empêchés de Le reconnaître » (Lc 24,16) ?

 

© Daniel Doré, SBEV / Éd du Cerf, Cahier Évangile n° 101 (Septembre 1997),  « Le lire de Tobit ou Le secret du Roi », p. 58.