Bien que le psautier fasse droit à tous les cris qui peuvent jaillir sur des lèvres humaines il en est deux qui se trouvent résumer l'ensemble de la prière : « Au secours ! » et « Alléluia ! ».
Bien que le psautier fasse droit à tous les cris qui peuvent jaillir sur des lèvres humaines il en est deux qui se trouvent résumer l'ensemble de la prière : « Au secours ! » et « Alléluia ! ». Là où nous avons tendance à opter pour l'un ou pour l'autre, la prière des psaumes est partagée entre les deux. Aucun des deux n'est prescrit à l'avance. Ils peuvent jaillir en succession au cœur de la même expérience. Mais aucun des deux ne saurait être écarté de la prière, car il y va de la vérité de Dieu comme de celle de l'homme.
Tout d'abord, le psautier est ponctué de cris d'appel à l'aide : « Viens vite à mon aide Seigneur, mon salut ! (38,23); Seigneur, viens vite à mon secours (40,14 et 70,2); Pitié, Seigneur, je dépéris ! (6,3); Prends pitié de moi, Seigneur, je suis en détresse » (31, 10); « On me poursuit sauve-moi, délivre-moi ! (7,2); Sauve-nous, Seigneur notre Dieu ! » (106,47). La prière des Psaumes est la prière des gens qui souffrent ou qui sont sensibles a la souffrance du monde. Elle est un lieu de prise de conscience, mais aussi de prise de parole en faveur des gens qui souffrent. Toute souffrance humaine mérite d'être portée devant Dieu et d'être entendue telle est la conviction qui anime les innombrables cris de supplication qui retentissent à travers le psautier.
Mais il est un autre cri, tout aussi représentatif des psaumes : Alléluia ! Ce cri, inconnu des autres livres bibliques, définit mieux que tout autre le climat de la prière biblique. Idéalement, toute prière biblique tend à la louange comme l'a si bien écrit Paul Beauchamp, c'est l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin de la prière biblique (Psaumes nuit et jour. Paris, Seuil, 1980, p. 92). S'il se retrouve en finale du psautier, ce n'est sans doute pas par hasard. La louange demeure la vocation ultime non seulement du peuple des psaumes mais de l’ensemble de la création : « Que tout être vivant chante louange au Seigneur. Alléluia ! » (150, 6).
© Jean-Pierre Prévost, SBEV / Éd du Cerf, Cahier Évangile n° 71 (Mars 1990), « Petit dictionnaire des Psaumes », p. 62.