La première partie du psaume 51 développe tout le vocabulaire du péché, la confession du péché débouchant, dans la seconde partie, sur la louange pour le salut de Dieu...
La première partie du psaume 51 développe tout le vocabulaire du péché.
La première chose à remarquer est l'inclusion qui existe entre les deux expressions : « Efface mes torts » (v. 3) et « Toutes mes fautes, efface-les » (11) qui délimite la première partie du psaume. On peut remarquer également la correspondance entre les deux supplications « Aie pitié de moi » et « détourne-toi » au début des mêmes versets : elle renforce l'inclusion.
Si l'on poursuit la quête dans le domaine des verbes, on peut vite repérer des correspondances : « lave-moi » (4.9), « purifie-moi » (4) et « je serai pur » (9), « je reconnais » (5) et « tu me fais connaître » (8) ; ceci dessine déjà une belle structure concentrique.
Soulignons les substantifs qui se répètent : d'abord « mes torts » (3 et 5), mais surtout « faute » qui revient trois fois (4.7.11) et « péché » cinq fois (4.5.7.9.11) plus une fois sous une forme verbale (6). On remarque encore les adverbes : « voici » (7.8) et « oui » (5) qui pourraient se correspondre.
On perçoit sans difficulté les correspondances des v. 4 et 9 avec trois mots répétés dans un ordre différent; on peut aussi remarquer la structure des v. 5 et 6 avec les parallélismes synonymiques et les oppositions autour des pronoms personnels, première personne et deuxième personne ; on note quelque chose de semblable aux v. 7 et 8 parallélismes synonymiques (renforcés par les deux « voici ») et opposition du « moi » et du « tu ». Ces deux petites structures se greffent sur deux phrases qui se correspondent :
« Oui, je reconnais mes torts... » (5)
« Tu me fais connaître la sagesse... » (8).
Nous avons soustrait à notre texte le v. 10 dont on peut constater que le vocabulaire est étranger à cette première partie du psaume, alors qu'il correspond à la seconde (12-19) : nous avons ainsi avec ce v. 10 rattaché à 12-19 et le v. 11 rattaché à 3-9, une véritable « agrafe littéraire » entre les deux parties.
Revenons à cette première partie, nous pouvons y reconnaître un grand mouvement concentrique autour des deux derniers stiques du v. 6 :
« Ainsi tu seras juste… quand tu parleras... irréprochable quand tu jugeras »
Au centre, nous avons donc la justice et le jugement divins dont la Bible ne cesse de manifester le caractère efficace: en jugeant, Dieu justifie, donne sa grâce et son pardon au pécheur qui l'implore. C'est ce même Dieu dont on demandait la fidélité et la miséricorde (3) et dont on nous dit qu'il « aime la vérité » et « fait connaître la sagesse » (8) dans les ténèbres du mal. Ainsi, au cœur de cette première partie du psaume, apparemment dominée par la confession du péché, c'est la victoire de Dieu sur le péché et sur le mal qui est mise en exergue. Voilà bien pourquoi cette confession du péché débouche sur la louange pour le salut de Dieu, comme le manifeste la seconde partie tout entière articulée sur les v. 14 et 1 6 :
« Rends-moi la joie d'être sauvé,
et que l'esprit généreux me soutienne ! » (...)
« Mon Dieu, Dieu sauveur libère-moi du sang; que ma langue crie ta justice ! »
La confession des péchés n'est pas enfermement sur sa misère, elle est chemin de louange vers le Dieu qui sauve et qui pardonne : l’Évangile ne dira rien d'autre.
© Matthieu Collin, SBEV / Éd du Cerf, Cahier Évangile n° 92 (Juin1995), « Le livre des psaumes », p. 17.