Voici quelques observations issues de l’analyse narrative...

Voici quelques observations issues de l’analyse narrative, telle que Jean-Louis Ska l’expose dans « “Nos pères nous ont raconté”. Analyse des récits de l’Ancien Testament », C.E. n° 155 (2011).

La scène du Temple vérifie le principe que « la prédominance de l’action et le manque d’intérêt pour l’évolution psychologique sont deux des caractéristiques de l’art du récit biblique » (p. 81). Ici, on ignore les motivations du geste de la veuve. 

La veuve fait partie des personnages « plats » et non pas « ronds » : « de tels personnages sont introduits brièvement et nous n’en saurons jamais beaucoup sur eux. Leur personnalité est souvent réduite à un trait de caractère » (p.82) : celui de la veuve tient dans le don qu’elle fait.

J-L. Ska invite à classer les personnages du point de vue de l’intrigue : héros, faire valoir (ou repoussoir), utilités ou agents (simples instruments au service de l’intrigue), et ceux qui font partie du décor (foule, figurants, chœur…). Où situer la veuve ? Si elle n’est pas l’héroïne de l’évangile de Marc, elle l’est dans cet épisode et c’est Jésus qui la constitue telle. Par ailleurs son geste fait d’elle un faire-valoir de Jésus : elle s’inscrit dans le même champ de valeurs (il vient de condamner les scribes qui agissent pour se faire voir d’abord et, comme lui, elle fait don d’elle-même). On peut aussi la considérer comme un agent de l’intrigue puisque son geste achève le séjour de Jésus dans le Temple et introduit le discours sur la fin des temps. On peut même lire dans ce passage comme une annonce (prolepse) de la mort de Jésus qui, lui aussi, donne tout ce qu’il a.

 

© Vianney Bouyer, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 160 (juin 2012), "Les anonymes de l'Évangile" (p. 9)