Jésus choisit trois de ses disciples qu’il constitue témoins de sa Transfiguration...

Lecture de Mc 9, 2-10

[2e dimanche de carême – B]
[Fête de la Transfiguration du Seigneur]


Lecture d’ensemble.
Après ses instructions sur la manière de le suivre et sa promesse solennelle, Jésus choisit trois de ses disciples qu’il constitue témoins de sa Transfiguration. Sa promesse d’une venue '' avec puissance '' trouve-t-elle dans cet événement sa réalisation immédiate ? L'épisode se déroule en 4 temps : Transfiguration avec apparition d’Élie et Moïse, réaction des témoins, voix céleste, Jésus seul avec ses trois disciples.

Au fil du texte.
. Le récit est tissé d’échos de la théophanie du Sinaï, pris en des endroits divers du récit d’Ex 24 : la haute montagne, les six jours, les trois personnes choisies comme témoins, la nuée, la voix, la frayeur.

2. Les trois disciples sont les premiers de la liste des douze, déjà mis à part dans l'épisode de la résurrection de la fille de Jaïre (Mc 5, 37) Ils seront présents également dans la scène de Gethsémani (Mc 14, 33).

3. La métamorphose ne semble concerner que les vêtements de Jésus. Dans la littérature apocalyptique, la blancheur extrême du vêtement est un attribut céleste : '' Un Vieillard prit place : son habit était blanc comme de la neige '' (Dn 7, 9). La transformation lumineuse est l'apanage des élus : '' Vous apparaîtrez brillants comme les luminaires célestes '' (1 Henoch 104, 2).

4. Élie et Moïse peuvent symboliser les Prophètes et la Loi avec lesquels Jésus ne cesse de dialoguer. Par ailleurs, il faut se rappeler qu’Élie a été enlevé au ciel sans connaître la mort (2 R 2). D'après une tradition rapportée par Flavius Josèphe (Antiquités Juives IV, 326), il en est de même pour Moïse.

5. La réaction de Pierre est en total décalage. Il s'adresse à Jésus en lui donnant simplement le titre de '' Rabbi '', titre banal (et peu utilisé par Marc). Sa préoccupation semble très terre-à-terre ; il ne comprend pas ce qu’il voit, même si cela sort de l’ordinaire (d’où la frayeur).

6. La voix divine s'adresse aux témoins de la scène et non à Jésus lui-même, contrairement au baptême (Mc 1, 11). Mais, comme au baptême, elle désigne Jésus comme le '' Fils bien-aimé '', expression qui ne se rencontre que dans la Septante pour traduire l’hébreu '' ton fils, ton unique '' en Gn 22, 2.12.16.

L'exhortation '' Écoutez-le '' fait écho à l’annonce de Moïse : '' Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur Dieu fera se lever un prophète comme moi, et vous l’écouterez '' (Dt 18, 15). Elle confère une autorité divine à la parole de Jésus et confirme donc ses propos sur sa Passion. De plus, dans un cadre qui évoque Ex 24, la parole de Jésus reçoit le même statut que la parole de Dieu au Sinaï.

7. Pour la première fois la consigne de silence reçoit une limite : la résurrection du Fils de l’Homme (v. 9). Qui dit résurrection, dit mort (voir 8, 31). L’épisode de la Transfiguration, après avoir été lié à l’épisode du baptême (voir note 6), est lié à celui de l’annonce pascale au tombeau vide (16, 1-8 ; on y retrouve quelques traits apocalyptiques comme le vêtement blanc et la frayeur). L’absence de description de Jésus ressuscité en 16, 1-8 est pallié par la profusion du voir dont les disciples ont été les témoins en 9, 2-8, profusion qui serait bien le signe de la venue du Règne de Dieu '' avec puissance '' (9, 1).

© Philippe Léonard, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 133 (septembre 2005) "Evangile de Jésus Christ selon saint Marc",  p. 44-46.