La finale du Deutéronome recourt au mot "Torah" pour désigner d’une manière globale l’ensemble des paroles prononcées par Moïse...

La finale du Deutéronome recourt au mot Torah pour désigner d’une manière globale l’ensemble des paroles prononcées par Moïse. « Alors, lorsque Moïse eut achevé décrire les paroles de cette Torah… » (Dt 31,24) et, plus loin, « Il leur dit : “Prêtez attention à toutes les paroles que moi je prends à témoin aujourd’hui contre vous. Vous prescrirez à vos fils de garder et de mettre en pratique toutes les paroles de cette Torah” » (Dt 32,46).

Ces mots de Moïse concluent non seulement le Deutéronome, mais l’ensemble du Pentateuque que le lecteur est ainsi invité à considérer comme une Torah. Comment interpréter ce terme ?

1. La Torah, définition

Dans la Bible hébraïque, Torah peut désigner une loi, une prescription isolée et ponctuelle, ainsi par exemple en Lv 6,2.7.8 ; 7,1 ; Nb 6,13. Ailleurs, Torah renvoie à une collection plus étendue de prescriptions législatives (cf. Lv 11,46 ; 26,46). Enfin, Torah peut avoir un sens plus complexe, plus théologique. Le récit de 2 R 22–23 relate la découverte d’un « livre de la Torah » (2 R 22,8.11) dans le Temple durant le règne de Josias (2 R 22,8.11), livre désigné également comme « livre de lalliance » (2 R 23,2.21) et qui correspond probablement au noyau ancien du livre du Deutéronome . La Torah, selon ce récit, représente donc le document où s’exprime l’alliance, le lien privilégié unissant Dieu à son peuple.

C’est également dans cette dernière acception que Torah est utilisé dans l’introduction du Deutéronome : « …Moïse se mit à leur [Israël] exposer la Torah que voici » (Dt 1,5). Torah désigne ici l’ensemble du livre, qui associe des récits et des lois. Les récits disent les hauts faits de Yhwh (C’est ainsi que sera transcrit dans ce Dossier le nom divin [tétragramme sacré] habituellement traduit par Le Seigneur. L’adjectif « yahviste » en est un dérivé) en faveur d’Israël, et les lois, ce à quoi s’engage Israël dans le cadre de l’alliance avec son Dieu. 

En tant que Torah, le Pentateuque met donc en relation l’histoire d’Israël présentée comme une histoire de salut et de libération dont l’initiative revient à Yhwh, et par ailleurs les lois, les prescriptions qu’Israël s’engage à respecter en réponse au don de Dieu. Le terme Torah apparaît ainsi dans sa complexité théologique : dans le cadre théologique de l’alliance, il associe d’une part le récit du don de Dieu, qui emprunte les catégories théologiques de la création et du salut et, d’autre part, les modalités de la réponse d’Israël, appelé à mettre en pratique les lois qui lui sont données.

© Olivier Artus, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 156 (juin 2011), "Le Pentateuque, histoire et théologie", p. 6-7.