Selon les dictionnaires de la langue française, la « diaconie » désigne...

Selon les dictionnaires de la langue française, la « diaconie » désigne la charge des diacres dans l'Église primitive; quant aux « diacres » ils sont définis soit comme des fidèles chargés alors de la distribution des aumônes, soit comme des clercs plus (orthodoxie) ou moins (catholicisme) importants dans l'Église.

Selon ces ouvrages, les mots appartiennent à la sphère religieuse chrétienne – ce dont on peut se réjouir, mais une aura d'antiquité prédomine. Si, dans le futur, les dictionnaires étaient amenés à modifier leurs définitions, cela signifierait que l'effort actuel des Églises se serait inscrit en profondeur dans la culture. L'une des meilleures formules de la diaconie a en effet été avancée en 2006 par Benoît XVI : « service de l'amour du prochain exercé de manière communautaire et Ordonnée » (encyclique Deus Caritas est, n° 21), et un certain nombre de réalisations concrètes lui donnent corps et réalité.

Le verbe diakoneô et ses dérivés sont grecs. Lorsque nous en cherchons les racines bibliques, nous nous tournons volontiers vers le Nouveau Testament, lequel a été écrit en grec. Ce mouvement, nous allons le suivre tout au long de ces pages. Cependant, dans la première partie du Dossier, il nous faut attirer l'attention sur trois points :

1. Le Nouveau Testament est tissé de motifs et de modules narratifs issus de l'Ancien Testament hébreu, via la traduction grecque des Septante. Diakoneô traduit le verbe 'aBaD, « cultiver », « servir », mais aussi « asservir ». Suivant les contextes, le substantif 'eBeD est rendu par diakonos, « serviteur », ou par doulos (ou encore païs), « esclave ». Or, les livres de la Loi de Moise – Pentateuque, Torah – racontent une expérience fondatrice, celle de la sortie de la servitude en Égypte pour le service du Seigneur, lequel est conjoint à la fraternité humaine. L'article I revient sur cette expérience.

2. Le Nouveau Testament est écrit en grec, langue dominante de la culture méditerranéenne au 1er siècle de notre ère. C'est pourquoi l'article II est consacré au vocabulaire de la diaconie, lequel dépasse le seul emploi de diakoneô.

3. Dans l'Ancien Testament, les relations à l'intérieur du peuple d'Israël sont fondées sur l'expérience de l'exode; dans le Nouveau Testament, les relations humaines sont fondées sur Jésus Christ. Or, dans les lettres de Paul, le lien avec le Christ est médiatisé par l'Apôtre, « serviteur de Dieu ». Un parcours général du corpus paulinien montre que le vocabulaire de la diaconie croise celui du culte (leitourgia) et du témoignage (marturia) pour privilégier, dans l'amour (agapè), I'annonce de la Parole. C'est la ligne directrice de l'article III.

Bien évidemment, les références aux textes étant nombreuses, il est préférable de lire ces trois articles avec une Bible à portée de la main.


© SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 159 (mars 2012), "Diakonia. Le service dans la Bible" (collectif), p. 4)