Fils d’Hérode le Grand, Hérode Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée, gouverne de 4 av. J.-C. jusqu’en 39 apr. J.-C.

Fils d’Hérode le Grand mort en 4 av. J.-C., Hérode Antipas, nommé tétrarque de la Galilée et de la Pérée, gouverne de 4 av. J.-C. jusqu’en 39 apr. J.-C. Jean Baptiste et Jésus relèvent donc, en Galilée, de sa juridiction.

Tibériade

Comme son père, Hérode Antipas se montre un bâtisseur. Il restaure Sepphoris, détruite par des insurgés à la mort d’Hérode le Grand. Il fonde Tibériade (entre 18 et 20) sur les rives du Lac, en l’honneur de l’empereur Tibère. La ville devient sa capitale. Selon Flavius Josèphe, le tétrarque dut pousser des gens de tout acabit à occuper le site, moyennant des franchises avantageuses : « Il savait en effet que cette fondation était contraire à la Loi et aux règles ancestrales des Juifs, puisque la construction de Tibériade se faisait sur des sépultures détruites, de surcroît nombreuses en cet endroit ; or, notre Loi déclare souillés pour sept jours (Nb 19,16) ceux qui s’installent en un tel lieu » (AJ XVIII, 38. Texte en Suppl. au C.E. 36, 1981, p. 66).

Jésus, Juif pratiquant, évoluera dans la Galilée rurale, dans un triangle de sept kilomètres de base et de trois kilomètres de hauteur, espace qui a Capharnaüm pour centre. Mais il ne fréquente pas ces villes nouvelles que le tétrarque organisait en cités (poleis) hellénistiques.

Hérodiade

Antipas avait épousé une princesse nabatéenne, fille du roi Arétas IV. Mais, en un imbroglio aux franges du vaudeville, il divorça pour épouser Hérodiade. Cette dernière était la fille d’Aristobule IV, frère d’Antipas. Elle était donc sa nièce ; mais, ayant épousé un autre Hérode, Philippe, elle était en même temps sa belle-sœur ! Pour les évangiles, ce sont les reproches du Baptiste contre cette liaison contraire à la Loi qui causent sa perte (Mc 6,17-20). Pour Josèphe, Antipas supprime le Baptiste parce que son message agite la population. Il a sans doute raison et les évangiles n’auront fait que sélectionner le motif moral du conflit. Et le peuple voit dans la défaite des armées d’Antipas contre Arétas IV, père de l’épouse répudiée, un châtiment divin sanctionnant le meurtre du Baptiste. La notice est d’autant plus importante que Jésus sortait sans doute des rangs de Jean et exerça d’abord une activité de baptiste (lire Jn 3,22-23).

Exil

Ami de Tibère (14-37), Antipas s’entremet pour négocier entre les Romains et les Parthes (vers 35). Mais son succès froisse l’orgueil de Vitellius, légat de Syrie, et ce faux pas signe sa perte. Antipas fut « un renard » (Lc 13,32), mais pas suffisamment. De toute façon, Caligula (37-41), successeur de Tibère, préfère Agrippa (Ier), fils d’Aristobule et frère d’Hérodiade, à son oncle Antipas et lui donne le titre de roi de Judée-Samarie. Jalouse et plus ambitieuse que son époux, Hérodiade pousse son mari à demander ce titre. Agrippa parvient alors à faire accuser son oncle d’entente avec les Parthes contre Rome. Antipas est exilé en Gaule à Lugdunum des Convènes (Saint-Bertrand-de-Comminges), et ses territoires sont cédés à Agrippa Ier.

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© Claude Tassin,
SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 144 (juin 2008), "Des fils d'Hérode à la 2e Guerre juive", p. 6-8.