Quelques éléments de comparaison entre l'Eucharistie et les divers sacrifices de l'Ancien Testament...
En conclusion, on peut esquisser une comparaison entre l'Eucharistie et les divers sacrifices de l'Ancien Testament. Chez les Synoptiques, l'arrière-plan pascal permet de comprendre la nature du mémorial attaché au dernier repas de Jésus avec les siens. Le sang de l'agneau était versé par les prêtres sur l'autel des holocaustes, mais le repas familial dans les maisons était analogue aux repas des sacrifices de communion qui permettaient aux offrants d'être les hôtes de Dieu, en sa présence.
Le rappel de l'alliance tient une place essentielle: alliance du Sinaï mise en valeur par Marc et Matthieu, nouvelle alliance par allusion à Jr 31 selon Luc et Paul. Cette alliance présente une portée universelle ("pour la multitude") selon les termes du quatrième Poème du Serviteur.
En continuité avec l'attente de la nuit de la libération définitive, selon le Poème des Quatre Nuits, I'orientation eschatologique est décisive. Elle est indiquée par les paroles mystérieuses sur la pâque nouvelle dans le Royaume de Dieu. Il faut proclamer la mort du Seigneur "jusqu'à ce qu'il vienne" (1 Co 11,26).
Dès les origines, la communauté chrétienne, tout en prenant part aux prières dans le Temple (Ac 2,46), s'est abstenue de participer aux sacrifices pour le péché. Le Christ, lui seul, nous en a obtenu le pardon (1 Co 15,3). Matthieu le précise bien par la parole sur le sang "versé en rémission des péchés". La mort du Christ marque la cessation définitive des sacrifices pour le péché: ce qu'ils cherchaient à obtenir, est définitivement accompli.
Don radical du Christ qui se livre totalement à son Père pour les siens, I'Eucharistie se situe en prolongement de l'holocauste, où la victime était entièrement consumée pour Dieu. Il ne s'agit plus d'une victime étrangère à la personne de l'offrant, mais de l'offrant lui-même, comme le soulignera avec force l'épître aux Hébreux (cf. p. 34).
© Édouard Cothenet, SBEV / Éd du Cerf, Cahier Évangile n° 118 (Décembre 2001), « Le sacrifice du Christ et des chrétiens », p. 30.