Le vendredi 9 et le samedi 10 octobre 2015, au Collège des Bernardins à Paris, s’est tenu le colloque pastoral "Dei Verbum"...

Le vendredi 9 et le samedi 10 octobre 2015, au Collège des Bernardins à Paris, s’est tenu un colloque qui a rassemblé une centaine d’animateurs bibliques et de personnes passionnées par la lecture et la diffusion de la Bible, catholiques pour la plupart mais aussi protestants (voir Cahiers Évangile n° 173, p. 75). Plusieurs communications feront l’objet d’une publication dans un prochain Cahiers Évangile. Mais, dès à présent, voilà deux extraits conclusifs, le premier tiré d’une intervention de Mme Duval-Poujol, théologienne baptiste, et le second, de l’envoi de Mgr Michel Santier, évêque de Créteil et membre de la Commission doctrinale des évêques de France.

 

Être créatifs

« Aujourd’hui, sur le plan œcuménique, plusieurs pistes pastorales seraient à explorer, poursuivre, intensifier pour rester dans l’esprit de Dei Verbum, parmi lesquels, par exemple :

Dei Verbum encourage les traductions de la Bible pour chacun en sa langue. Continuons à soutenir les Sociétés bibliques comme, en France, l’Alliance biblique. Selon celle-ci, 460 millions de personnes dans le monde n’ont actuellement aucune traduction de la Bible dans leur langue.

• Élargissons les groupes d’animation biblique œcuméniques aux évangéliques et sortons du couple binaire réformé – catholique. Si l’un des fruits de Dei Verbum a été d’encourager la lectio divina, ce type de lecture priante des Écritures pourrait être un chemin de rencontre possible avec les protestants évangéliques : ils la pratiquent sans même le savoir, et surtout sans lui donner un nom latin qui leur fait un peu peur !

• Unissons nos forces pour donner envie de lire les Écritures, afin d’ « embraser d’amour de Dieu le cœur des hommes… afin que le monde croie » (Dei Verbum). Pour être créatif, trouver de nouvelles façons de donner goût à la Bible, il faut se sentir en sécurité, avoir un cadre global qui oriente :c’est ce qu’a permis Dei Verbum en donnant le feu vert à de nouvelles initiatives créatrices.

Je conclurai avec ces paroles de Karl Rahner, un théologien qui influença grandement Vatican II : « Le concile n’était que le commencement d’un commencement »…

À nous d’écrire les pages qui suivent ce « commencement d’un commencement » afin que, comme les disciples d’Emmaüs, les personnes avec qui nous ouvrons la Bible puissent s’exclamer : « Notre coeur ne brûlait-il pas au-dedans de nous tandis qu’il nous expliquait les Écritures ? » (Lc 24,32). (Mme Valérie Duval-Poujol)

 

Donner le goût de lire

« Ce colloque a été préparé de manière œcuménique et vécu ainsi. La parole de Dieu nous unit profondément, elle est notre lieu de communion en Christ, tout en laissant apparaître nos différences mais aussi – et le mot a été entendu au cours de ce colloque – nous invitant à être « performatifs » au plan œcuménique.

Dans ce colloque, nous avons pu percevoir, à travers l’exposé introductif de Mgr Pierre-Marie Carré et du frère dominicain Jean-Marie Poffet, que le texte de Dei Verbum, cinquante ans après, n’a rien perdu de son actualité.

Cette Constitution a dépassé un nœud, comme nous l’avons perçu à travers l’exposé historique du père Gérard Pelletier, en réaffirmant que la Tradition est un processus vivant, que la Sainte Tradition et que la Sainte Écriture ne font qu’un tout.

Le mot-clé n’est pas « lire les Écritures » mais, comme l’a dit avec insistance madame Élisabeth Parmentier, « les interpréter ». Elle a présenté ce processus d’interprétation qui se trouve dans Dei Verbum et qui a été repris par les autres intervenants, différemment :

• Entrer dans le texte, en le situant dans son contexte ;

• Se laisser déranger par le texte biblique. La Bible est sa première interprète ;

• Au centre, se trouve le Christ ;

• Chaque texte est en lien avec toute l’Écriture ;

• Interpréter avec l’Église, en groupe, en communauté, avec la liturgie ;

• Une lecture de la Parole qui devient pour les croyants force et nourriture de leur foi, source pure et permanente de la vie spirituelle.

Il nous a été présenté plusieurs méthodes et plusieurs propositions et outils pour mieux interpréter les textes bibliques et nous avons travaillé en atelier ces outils qui pourront renouveler notre manière d’animer et de vivre nos groupes bibliques dans nos paroisses, nos diocèses.

Dans vos différents lieux, vous vous sentez peut-être isolés dans votre mission d’animateur biblique. Ce colloque avait pour but de vous rassembler pour que vous puissiez échanger, vous soutenir mutuellement, partager vos difficultés, mais aussi enraciner plus profondément votre mission dans la parole de Dieu et la réflexion théologique.

Les propositions numériques sur Internet d’animation de groupes bibliques interactifs ou ZeBible, en direction des jeunes générations, sur Facebook, Twitter ou sur un blog, pourront aussi permettre de nouveaux moyens d’accès à la Bible et de nouveaux outils de formation.

Nous avons vécu un matin une lectio divina qui peut se vivre personnellement, ou à plusieurs, en communauté, en Église. Elle nous a permis de dépasser une vision qui est celle de beaucoup de chrétiens : « L’Écriture n’appartient pas au passé car son sujet, le peuple de Dieu inspiré par Dieu lui-même, est toujours le même et la Parole est toujours vivante dans le sujet vivant » (Benoît XVI, Verbum Domini, n° 86).

Voilà notre mission : donner le goût des Écritures aux chrétiens, à tous, pour qu’ils découvrent que Dieu, s’il est inscrit dans l’Histoire, a toujours parlé au présent pour ouvrir l’avenir. Sa Parole est toujours vivante en Jésus Christ. Elle est sans cesse source de renouvellement dans notre vie personnelle, dans nos relations familiales et sociales, dans nos paroisses, dans la société.

Portons nos regards sur ce qui porte du fruit et non sur les obstacles et les difficultés inévitables que nous rencontrons. » (Mgr Michel Santier)