Dès le début de sa mission, Jésus annonce par ses paroles et ses actes que le Règne de Dieu s’est approché...

Lecture de Mc 1,16-39

Dès le début de sa mission, Jésus annonce par ses paroles et ses actes que le Règne de Dieu s’est approché. Les exorcismes et les guérisons en sont le signe. Très rapidement, son autorité se trouve contestée par les Pharisiens et les scribes. Surgit la question : '' Qui donc est cet homme ? ''
Appel des premiers disciples (Mc 1, 16-20)
[3e dimanche ordinaire – B (Mc 14-20)]


Lecture d’ensemble. Jésus passe au bord de la mer de Galilée et appelle des hommes à le suivre. Deux scènes quasi-identiques. Jésus a l’initiative. Pour Marc, le disciple est quelqu’un d’appelé qui se met aussitôt à la suite de Jésus.

Dans la première scène (v. 16-18), le champ d’action, large jusqu'à présent (toute la région !), se resserre. Jésus marche sur le rivage et s’adresse à deux frères qui pêchent en mer. Simon est nommé en premier, sans référence à personne d’autre. Son frère est nommé en second, en référence à lui. Aucune fioriture dans le récit, aucun intérêt pour la psychologie des personnages.

La deuxième scène (v. 19-20) ressemble à la précédente mais les deux frères sont nommés en référence à leur père, Zébédée. Ils n’abandonnent pas seulement leurs outils de travail mais également leurs compagnons de travail.

Au fil du texte. 1. L'expression '' pêcheurs d'hommes '' est un jeu de mot avec le métier des appelés. Métier dont le narrateur souligne qu’il est abandonné. Si pêche il y a, elle se fera sans filets, sans barque, sans ouvriers et sans famille. Un temps nouveau vient de s’ouvrir, avec, pour seul point d’appui, la parole de Jésus.

2. Les paroles de Jésus ne sont rapportées que dans l'appel de Simon et André. Ceux-ci obtempèrent '' aussitôt '' à l'ordre de Jésus. Aucune parole de leur part, aucune autre réaction ne sont rapportées. La scène est quasi irréelle. Le narrateur met en lumière le caractère radical de leur réponse. Pour Jacques et Jean, l’adverbe '' aussitôt '' souligne plutôt l’instantanéité de l’appel de Jésus.


La journée à Capharnaüm (Mc 1, 21-39)
[4e dimanche ordinaire – B (Mc 1, 21-28)]
[5e dimanche ordinaire – B (Mc 1, 29-39)]


Lecture d’ensemble. Tout ce qui se déroule à Capharnaüm offre un premier panorama de l'activité de Jésus. Cette journée inaugurale, évidemment un artifice littéraire de Marc, commence par un enseignement et un exorcisme à la synagogue le jour du sabbat (1, 21-28). Jésus se rend ensuite dans une maison privée où il guérit la belle-mère de Simon (1, 29-31). Le soir tombé – donc après le sabbat – aux portes de la ville, on lui amène des malades et des démoniaques qu’il guérit (1, 32-34). Dans la nuit, il s’isole pour prier. Il se rend enfin dans les bourgs voisins pour proclamer la Bonne Nouvelle (1, 35-39).

Au fil du texte. 1. Les précisions quant au lieu de l'action et au temps (v. 21), à première vue banales, sont à mettre en relation avec un jeu de mouvements identifiable dans la première section de l'évangile (voir tous les verbes qui, au fil du récit, signalent des entrées et des sorties, des allées et des venues de Jésus et des autres personnages).

2. Aux v.21-22 les mots enseignement/enseigner reviennent à plusieurs reprises. On ne nous dit pas le contenu de cet enseignement, mais on lui attribue une autorité qui contraste avec celle des scribes. Cette autorité de Jésus se manifeste dans la scène de l'exorcisme. Saisis de frayeur, les témoins s’interrogent sur cet enseignement proclamé avec autorité (v. 27). Au chapitre 2, les controverses avec les scribes porteront sur l'autorité de Jésus.

La scène de l'exorcisme présente un double intérêt pour le lecteur : elle confirme l'autorité de Jésus qui se fait obéir par un esprit mauvais (v. 25-26). Elle révèle en plus un aspect important de la mission de Jésus, proclamé par l’esprit mauvais lui-même qui dit : '' Es-tu venu pour nous perdre ? '' Cette information permet au lecteur de mieux comprendre les scènes suivantes où il sera beaucoup question d'expulsion de démons et de purification de lépreux.

Jésus impose avec force une consigne de silence sur ce que dit l’esprit mauvais. Une révélation publique trop rapide de l'identité de Jésus aurait quelque chose de démoniaque : il ne suffit pas de connaître les titres de Jésus pour les comprendre et en accepter la véritable portée. On peut les comprendre de manière erronée. Ce n'est qu'au pied de la croix qu'il sera possible de reconnaître en Jésus le Fils de Dieu.

3. Le v.28 signale que la renommée de Jésus se répandit aussitôt partout dans toute la région de Galilée. À quelques mots de distance, on peut être surpris de l'emploi du même verbe au même temps pour parler de la '' sortie '' de l'esprit impur et de la '' sortie '' de la renommée de Jésus.

4. Le récit de la guérison de la belle mère de Simon est très sobre. Aucun dialogue n'est rapporté. Le lecteur apprend simplement qu'on parle d'elle à Jésus. La fièvre quitte la malade. Le verbe qui est traduit par '' il la fit lever '' appartient au vocabulaire de la résurrection. Devant Jésus, le mal corporel s'en va comme l'esprit mauvais s’en est allé du possédé. La belle-mère de Simon peut alors se mettre au service de Jésus et des premiers disciples. Elle illustre par anticipation une attitude qui sera mise en valeur par Jésus en 10, 43-45.

5. Après cette guérison individuelle dans un cadre privé, les v. 32-34 évoquent des guérisons en nombre et en public. De même qu'il y avait eu des intermédiaires entre Jésus et la belle-mère de Simon, de même il y en a entre les malades et les possédés et Jésus. Aux esprits mauvais qu’il chasse, Jésus impose la même consigne de silence qu’à celui de la synagogue.

6. Bien avant l’aube, Jésus sort seul pour prier. À la différence de Luc, Marc mentionne rarement la prière de Jésus. Simon se détache pour la première fois sur le lot des autres disciples (v. 36). La réponse de Jésus à la requête des disciples est un impératif ('' Partons ailleurs ''). De manière explicite, Jésus associe pour la première fois ses disciples à sa mission même s’il est le seul qui proclame la Bonne Nouvelle dans les synagogues. Cette mission consiste dans une proclamation qui ne doit pas se limiter à un lieu précis. Le verbe '' proclamer '' est ici employé, en grec, de manière absolue, sans précision quant au contenu de la proclamation. Mais depuis 1, 14-15, le lecteur sait que le cur de la prédication de Jésus porte sur la proximité du Règne de Dieu.

7. Le v. 39 est un petit sommaire de transition sur l'activité de Jésus dans les synagogues de Galilée, activité de proclamation et d'exorcismes.


© Philippe Léonard, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 133 (septembre 2005) "Evangile de Jésus Christ selon saint Marc",  p. 11-15.