"Il faut sortir de [l’]alternative théorique : traduisible versus intraduisible... ”

« Il faut sortir de [l’]alternative théorique : traduisible versus intraduisible, et lui substituer une autre alternative, pratique celle-là, issue de l’exercice même de la traduction, l’alternative fidélité versus trahison, quitte à avouer que la pratique de la traduction reste une opération risquée toujours en quête de sa théorie », Paul Ricœur, Sur la traduction, 2004, p. 26. 

« La fidélité manifeste des traductions n’est pas le critère qui garantit l’acceptabilité de la traduction […]. La fidélité est plutôt la conviction que la traduction est toujours possible si le texte source a été interprété avec une complicité passionnée, c’est l’engagement à identifier ce qu’est pour nous le sens profond du texte, et l’aptitude à négocier à chaque instant la solution qui nous semble la plus juste. Si vous consultez n’importe quel dictionnaire italien, vous verrez que, parmi les synonymes de fidélité, il n’y a pas le mot exactitude. Il y a plutôt loyauté, honnêteté, respect, piété », Umberto Eco, Dire presque la même chose, 2006, p. 466. 

« Traduire, c’est à la fois perdre et créer, mourir et renaître, sauver l’essentiel au cours d’un naufrage pour pouvoir prendre pied sur une terre vierge. C’est bien là que réside l’aventure et le risque encourus par toute traduction : dans une suite de décisions sans appel qui constituent sa force et sa faiblesse », Christophe Rico, « La linguistique peut-elle définir l’acte de traduction ? », dans J.-M. Poffet (dir.), L’Autorité de l’Écriture, 2002, p. 223. 

« Traduire n’est rien d’autre qu’écrire. La difficulté, la hauteur de l’acte de traduction est moins dans la distance d’une langue à une autre que dans la distance à l’intérieur de ma propre langue. Parce que celle-là non plus ne m’appartient pas. Et c’est sans doute pour cela que j’écris ».

© Frédéric Boyer, La Bible, notre exil, 2002. (Cité par Jacques Nieuviarts et Gérard Billon, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 157 (septembre 2011), "Traduire la Bible en français", p. 5.)