L'élément le plus constant est la poterie sous forme de tessons...

Sur le terrain, le travail quotidien de l'archéologue ne le met pas au contact de la Bible et ne rencontre l'Histoire que rarement et pour des moments privilégiés.

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Dans chaque carré de fouille, l’élément le plus constant, parce que le plus abondant, est la poterie qui se présente sous forme de tessons, plus rarement sous des formes complètes. Chaque carré de fouille apporte son lot de tessons, parfois très nombreux, qu’il faut laver, faire sécher, puis étudier pour tenter de reconstituer des vases de la lèvre à la base. La grande diversité de la céramique répond àdes besoins domestiques précis. Pour en donner une idée on peut classer cette céramique selon sa fonction. On a ainsi :

- des vases de stockage : jarres, amphores, '' pithoi '' de différentes tailles destinées à conserver, à stocker ou à transporter blé, orge, vin ou huile ;
- des vases verseurs : cruches, carafes, cruchettes, puisettes, gourdes, vases à étrier dont les usages sont divers en fonction de leurs dimensions allant de la cruche qui contient de l’eau au petit vase à parfum ;
- des vases de transformation : marmites destinées à cuire les aliments, mais de taille diverse et possédant une ouverture variable, plaques à feu, cratères et jattes permettant de réaliser des préparations culinaires, mortiers en argile dont la fonction demeure discutée ;
- des vases de consommation : plats, assiettes, bols, coupes, gobelets ;
- des vases à usage particulier : lampes, bols à filer, supports de jarre.

Cette énumération ne donne qu’une petite idée de la diversité de la céramique. De plus, n’oublions pas que celle-ci a évolué au cours du temps, si bien que chaque poterie doit faire l’objet d’une description attentive : forme du col, de la lèvre, diamètre d’ouverture plus ou moins important (par exemple il peut varier du simple au double pour les marmites), forme de la base (ronde, bombée, pointue, annulaire, etc.). Chaque objet doit ainsi avoir une fiche aussi complète que possible comportant ses dimensions, mais aussi une description du décor, de la couleur et de tout détail qui peut avoir un intérêt. Un dessin et une photographie viennent compléter la fiche signalétique.

Cette présentation un peu longue de la céramique voudrait manifester la place que celle-ci occupe dans le travail d’une équipe archéologique. Pour la datation des niveaux d’occupation, ce travail est indispensable, car il permet aussi une comparaison avec d’autres sites archéologiques situés dans la même région et doit aboutir à dater avec le plus de précision possible la strate que l’on est en train de fouiller.


© Jacques Briend, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 131 (mars 2005) "Archéologie, Bible, Histoirei",  p. 9-10.