Le mot hébreu "berit" désigne un accord, un pacte entre deux chefs ou deux rois, partenaires égaux ou non...

Le mot hébreu berit désigne un accord, un pacte entre deux chefs ou deux rois, partenaires égaux ou non. Un suzerain peut imposer à son vassal un « traité de vassalité ». La berit est donc un acte juridique et politique qui impose des devoirs et garantit des droits à chacun. Dans la Bible, l’alliance est la relation que Dieu établit avec le peuple qu’il a choisi ou avec certains de ses représentants. Elle est établie à son initiative : « Vous êtes mon peuple et je suis votre Dieu ». Berit a été traduit en grec par diathèkè : l’acte par lequel quelqu’un dispose librement de ses biens, puis en latin par testamentum, testament, parce que l’inégalité entre les partenaires a été fortement ressentie.

Avant l’exil
Les prophètes appellent à vivre dans la fidélité à l’alliance du Sinaï. Tout Israël s’était engagé librement à respecter la loi contenue dans le Code de l’alliance, qui concerne tant la vie religieuse que la vie sociale (Ex 20,22 à 23,19) : « Moïse prit le livre de l’alliance, il en fit la lecture au peuple qui déclara : Tout ce que le Seigneur a dit, nous le ferons et nous y obéirons » (Ex 24,7). Le rite d’alliance consiste en une aspersion de l’autel et du peuple avec le sang d’animaux sacrifiés, pour montrer qu’une même vie unit désormais Dieu et son peuple. Cette alliance assure l’identité d’Israël et en fait un peuple de frères. La fidélité est récompensée par la bénédiction*, la vie, tandis que l’infidélité est sanctionnée par la malédiction, la mort. S’il y a rupture des liens d’alliance, c’est toujours du fait des hommes (Jr 11,10). Et lorsque Dieu se met en colère contre son peuple, il souffre de cette rupture (Os 11,8-9). Avec la destruction du temple et de Jérusalem en 587, la rupture de l’alliance est évidente et paraît définitive.

Depuis l’exil
Les prêtres de Jérusalem comprennent que l’alliance ne doit plus reposer sur la fidélité du peuple, jamais durable, mais seulement sur Dieu, toujours fidèle. Au lieu d’être bilatérale et conditionnelle, l’alliance est maintenant unilatérale et inconditionnelle : Dieu seul s’engage, et pour toujours. Telles sont les deux alliances qui, d’après l’Histoire sacerdotale, précèdent l’alliance avec Moïse, qui devient la troisième. Dans la première, établie avec Noé pour tous les humains (et les animaux), Dieu demande de ne pas verser le sang et, si on mange de la viande, de ne pas en consommer le sang (Gn 9,4-5). L’arc-en-ciel, apparu après le déluge, rend visible la promesse de Dieu. La deuxième alliance est scellée avec Abraham et sa descendance (Gn 17,2.4). Seule condition imposée : la circoncision (des Juifs, puis des Musulmans) pour signifier leur appartenance à Dieu (Gn 17,10).

La nouvelle alliance

Jérémie annonce une « nouvelle alliance » , non plus seulement extérieure, comme un règlement, mais intérieure, comme une relation personnelle et réciproque : « Je mettrai ma loi au fond de leur être et je l’écrirai sur leur cœur » (Jr 31,31-34). Pour Ézéchiel, Dieu doit donner à son peuple « un cœur nouveau, un esprit nouveau » (Ez 35,26-27).

Cela préfigure merveilleusement bien l’alliance nouvelle réalisée par le Christ : « Cette coupe est la nouvelle alliance dans mon sang, versé pour vous » (Lc 22,20). Alliance définitive et gratuite, fondée sur l’amour inconditionnel du Christ. Chaque repas* eucharistique célèbre cette alliance renouvelée ouverte à tous les hommes. Quoi qu’il puisse arriver, « l’alliance nouvelle et éternelle » nous est acquise.


© Collectif, SBEV / Éd. du Cerf, Cahier Évangile n° 123 (mars 2003), "50 mots de la Bible" (p. 5 et 7).