Les épîtres dites "Pastorales" (1 et 2 Timothée et Tite) sont toujours bien actuelles...

Il faut tout d’abord souligner l'importance donnée à la rectitude de la foi : par opposition au judaïsme qui met l'accent sur la conformité de la vie pratique aux prescriptions de la Loi (orthopraxie), le christianisme a toujours attaché la plus grande importance au contenu de la foi (orthodoxie). Il serait intéressant de relever, avec un vocabulaire bien différent, la similitude de préoccupations sur ce point entre les Pastorales et les épîtres de Jean.

Nous relèverons en second lieu le lien étroit entre la vie de foi et la liturgie. Il est frappant en effet de constater comment l'auteur se réfère souvent à des formules liturgiques de son temps pour rappeler là doctrine juste face aux divagations des hérétiques. Comme le dit le vieil adage lex orandi, lex credendi : la loi de la prière, c'est la loi de la foi. Une double conséquence s'ensuit: la théologie doit puiser son inspiration dans les trésors de la prière publique, comme aussi les responsables de la liturgie (qu'on pense à la production foisonnante de chants nouveaux) doivent être attentifs au contenu des textes.

La solidité de la famille, comprise dans toute son extension, constitue une préoccupation prioritaire des Pastorales. Qui niera l'importance actuelle de la pastorale familiale ? La difficulté vient du changement des modèles sociologiques; comment rajeunir les directives anciennes pour que leur objectif devienne acceptable, bien plus souhaitable pour nos contemporains7 Un mot des Pastorales peut servir de support pour ce travail: la grâce de Dieu est éducatrice (Tt 2, 12), c'est-à-dire qu'elle prend le temps, qu'elle accepte des étapes, ne se laisse jamais décourager, mais repart de l'avant...

L'importance des ministères stables pour la vie de l'Église constitue un autre enseignement majeur des Pastorales. On aurait bien tort de considérer comme dépassées les instructions données aux presbytres en 1 Tm 3,1-7 ou en Tt 1,5-9. La loi du célibat ecclésiastique ne saurait primer devant les indications si claires que manifestent les Pastorales, quand le besoin de prêtres s'impose.

Les indications, parfois un peu terre-à-terre, que nous avons recueillies dans ces épîtres Pastorales, ne peuvent être isolées de l'éclairage qu'apportent la mémoire de Jésus Christ (au sens fort du mot en liturgie) et l'exemple de Paul. Il nous a semblé, en lisant tel ou tel passage, y entendre comme le premier panégyrique de l'Apôtre. Les exhortations qu'il multiplie à son cher enfant Timothée valent pour tous ceux qui sont appelés à faire œuvre d'évangélistes :

« N'aie pas honte de rendre témoignage à notre Seigneur et n'aie pas honte de moi, prisonnier pour lui. Mais souffre avec moi pour l'Évangile, comptant sur la puissance de Dieu, qui nous a sauvés et appelés par un saint appel, non en vertu de nos œuvres, mais en vertu de son propre dessein et de sa grâce... Prends pour norme les saines paroles que tu as entendues de moi, dans la foi et l'amour qui sont dans le Christ Jésus. Garde le bon dépôt par l'Esprit Saint qui habite en nous » (2 Tm 1,8s.13s).

© Édouard Cothenet, SBEV / Éd du Cerf, Cahier Évangile n° 72 (Juin 1990), « Les épîtres pastorales », p. 58-59.